Vendredi 19 avril 2024
Outre-monde et contrepoint
Soo Park nous mène (presque) aux portes de la folie schumanienne
Dernière pensée

« Plus que chez Brahms, c’est chez Bill Evans que l’on croit retrouver certaines de ses harmonies ». Mais de qui parle le pianiste et musicologue Mathieu Dupouy, partenaire de longue date de Soo Park (ici à quatre mains) ? De Schumann. Pas exactement du Schumann des Kreisleriana ou de la Fantaisie - souvent enregistré ces derniers temps, en particulier par les jeunes pianistes -, mais du Schumann méconnu (Sechs Stücke in Kanonischer Form, arrangé par … Georges Bizet), du Schumann tardif, obsédé par le contrepoint. Pour donner corps et son aux Chants de l’aube, aux Variations des esprits (dictées par l’âme de Schubert au compositeur basculant dans la folie), Soo Park, élève de la regrettée schumanienne Catherine Collard mais aussi de l’« historiquement informé » Patrick Cohen, a choisi un magnifique instrument Gebauhr (Königsberg, années 1850) aux marteaux garnis de feutre et recouverts de cuir, conservé dans les collections du Musée de la musique à Paris : graves feutrés (et pour cause), aigus aériens. Les Scènes de la forêt elles-mêmes en sont « spiritualisées », et prennent naturellement leur place dans cet ensemble d’outre-monde. On regrette d’autant plus que le jeu de Soo Park, artiste scrupuleuse autant que réfléchie, reste un peu trop sage pour nous conduire jusqu’au point de non retour qui rend cette musique si dangereusement fascinante.
François Lafon

Sechs Stücke in Kanonischer form op. 56 – Waldszenen op. 82– Drei Fantasiestücke op. 111 – Gesänge der Frühe op 133 – Geistervariationen
Soo Park, Mathieu Dupouy (piano)
1 CD Label-Hérisson LH 14
1 h 21 min

mis en ligne le lundi 13 juin 2016

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