Vendredi 19 avril 2024
Mozart n'est pas Haydn et vice versa
Le Quatuor Jerusalem presque un peu trop poli
Mozart - Quatuors à cordes K 157, K 458 & K 589

Après deux disques enthousiasmants consacrés à Haydn, les Jerusalem continuent à explorer le classicisme viennois avec Mozart toujours selon le même principe : réunir trois pages de trois périodes différentes. On passe ainsi de l’un des quatuors milanais, où l’on voit Mozart prendre connaissance avec le genre, à un des quatuors dédiés à Haydn, où il se hisse à la hauteur de son aîné, puis un des quatuors dédiés au roi de Prusse. Mais Mozart n’est pas Haydn, et vice-versa : le premier a eu beau prendre exemple sur le dernier pour écrire ses plus beaux quatuors, les deux compositeurs ne sont jamais aussi différents que lorsqu'ils écrivent pour cette formation. Chez Haydn, la virtuosité des Jerusalem mettait en lumière le brio de l’écriture et sa facette ludique pour ne pas dire funambulesque. Chez Mozart, moins facétieux, leur belle sonorité et leur jeu poli à l’extrême ne suffisent pas toujours à l’emporter : le mélancolique mouvement lent du quatuor K 157 pourrait être plus léger, moins appuyé. Dans le quatuor La Chasse, on est davantage séduit par la perfection de ce jeu ( a-t-on déjà entendu un premier violon aussi étincelant ?) qui donne quelque chose d’exubérant dans le premier mouvement. Il faut attendre à la fin du programme le quatuor K. 589, où Mozart met en exergue le violoncelle (l’instrument du Roi de Prusse) pour trouver enfin l’équilibre parfait entre cette splendeur instrumentale et la profondeur de l’expression.
Pablo Galonce

Quatuors à cordes K 157, K 458 (La Chasse) & K 589
Quatuor Jerusalem
1 CD Harmonia Mundi
1 h 16 min

mis en ligne le jeudi 24 mars 2011

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