Mardi 23 avril 2024
Mélodies de salons
Véronique Gens susurre avec sensualité
Néère

Si Marcel Proust adorait la chanson populaire et admirait Yvette Guilbert dont il fut, en 1891, l’un des premiers à louer le talent, dans les salons qu’il fréquentait, on chantait plutôt Reynaldo Hahn, Henri Duparc ou Ernest Chausson. Les textes qu’ils mettaient en musique étaient nettement moins polissons que ceux de la femme aux longs gants noirs, mais, pour ceux qui les écoutaient, ils correspondaient à un certain statut social, à une certaine « dignité », le feutré l’emportait sur la gouaille. Aujourd’hui, si l’on se contente de les lire, les poèmes de Leconte de Lisle, Maurice Bouchor ou Théophile Gautier accusent de sérieuses rides, mais bien habillés par les compositeurs, ils donnent naissance à des mélodies qui constituent un genre à part entière, et qu’on écoute sans déplaisir grâce à des interprètes de talent. Ces mélodies-là, il faut éviter de trop les chanter, il faut en susurrer les nuances, suggérer, effleurer, sous-entendre, et Véronique Gens le fait très bien, joliment accompagnée par Susan Manoff qui accentue quand il le faut et s’efface au bon moment.
Gérard Pangon

Mélodies de R. Hahn, H. Duparc et E.Chausson sur des textes de Leconte de Lisle, A. Daudet, A. Silvestre, Th. Gautier, J. Lahor, V. Wilder, P. Bourget, L. Ackermann, Th. de Viau, C. d’Orléans, M. Bouchor, P. Verlaine, Ch. Baudelaire, Th. de Banville
Véronique Gens (soprano), Susan Manoff (piano)
1 CD Alpha-Classics Outhere Alpha 215
1 h 06 min

mis en ligne le mercredi 23 décembre 2015

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