Mercredi 24 avril 2024
Méandres dramatiques
Juan Hidalgo, un maître du XVIIème qui refait surface
Música para el Rey Planeta

De l’existence de Juan Hidalgo, né à Madrid en 1614 et mort en 1685, on ne sait pas grand chose, mais le livret extrêmement documenté qui figure dans cet album, nous apprend quand même qu’il fut nommé en 1640 « notaire de la Sainte Inquisition ». Et ça fait froid dans le dos : ces notaires-là notaient point par point le déroulé de l’interrogatoire des « hérétiques », y compris leurs réactions aux tortures qu’on leur infligeait. Cinq ans plus tard, Juan Hidalgo devient maître de musique de la Chapelle Royale, c’est à dire compositeur officiel de la cour de Philippe IV d’Espagne. Ceci explique–t-il cela ? Nul ne le saura jamais. En tout cas le Roi Planète, maintes fois portraituré par Velázquez, est un homme de culture, et Juan Hidalgo en profite : il écrit de la musique de théâtre (pour Calderon, entre autres), et réussit aussi bien dans les airs profanes, Todos humanos, que dans les airs sacrés, Todos divinos. Parmi les dix-sept œuvres proposées ici et très joliment interprétées par La Grande Chapelle, dix sont des premières mondiales. Fruit d’un travail de recherche exigeant, cet enregistrement permet d’apprécier le jeu sur les voix et les méandres dramatiques autant que la délicatesse et la subtilité de compositions dont l’atmosphère incite parfois plus à la mélancolie qu’aux élans spirituels. Comme si Juan Hidalgo ne parvenait pas à vaincre une tristesse profonde.
Gérard Pangon

Juan Hidalgo : villancicos
Eugenia Boix (soprano), Lina Marcela López (soprano), Gabriel Diaz Cuesta (contre-ténor), Gerardo López Gámez (ténor)
La Grande Chapelle
Direction musicale : Albert Recasens
1 CD Lauda LAU015
1 h 08 min

mis en ligne le samedi 14 mai 2016

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