Samedi 20 avril 2024
Marginal et tintinnabulant
Charlemagne Palestine et son délire de prima donna
Nothing to tell, only listen

Aussi excentrique et délirant que Dolly Parton et aussi peu sérieux que pouvait l'être dans les années soixante son confrère Steve Reich, Charlemagne Palestine, issu lui aussi du courant répétitif américain - terme auquel il préfère celui de « méditatif » -, n'est comparable qu'à la figure solitaire du barde moyenâgeux Moondog (1916-1999). Enfant, il chantait déjà à la synagogue, avant de devenir carillonneur à l'église saint Thomas de Manhattan, puis de toucher l'orgue, ici où là. Depuis cette glorieuse époque hippie, l'aventurier a ajouté à sa palette plusieurs expérimentations sur bandes - il fut pote avec Morton Subotnick qui lui ouvrit son studio newyorkais - et, s'étant lancé à la recherche du « Son d'Or » (qu'il n'a pas encore trouvé, confie-t-il avec malice), il se produit aujourd'hui au clavier dans une transe improbable, faisant tintinnabuler les notes dans un style obsessionnel qui n'appartient qu'à lui - la tête enfouie dans les harmoniques de son piano préféré, un Bösendorfer. Il faut l'avoir vu au moins une fois, assisté de plusieurs centaines de peluches colorées : lui-même ne cherchant pas la discrétion vestimentaire ! Artiste culte, certes marginal, Charlemagne vit sa musique « dans l'instant », à l'image de ce dernier Nothing to tell, only listen, qui bénéficie en outre d'une captation luxueuse et d'une présentation ad hoc du label Megadisc. Les shamans ont la vie dure et Charlemagne en est la preuve vivante.   
Franck Mallet

Nothing to tell, only listen
Charlemagne Palestine (voix, piano, claviers)
1 CD Megadisc Classics MDC 7871
1 h 01 min

mis en ligne le mardi 10 janvier 2017

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