Musikzen

Vendredi 19 avril 2024

Lettres d'un inconnu

Rosenmüller magnifié par Amandine Beyer et Gli Incogniti

Beatus Vir ? - Motets et sonates

Le musicologue rat de bibliothèque est une espèce proliférante qui exhibe régulièrement un nouveau génie méconnu débusqué par le plus grand des hasards. Tant mieux : c'est une nouvelle preuve, s'il en était besoin, que la musique classique est loin d'être le poids mort imaginé par certains de ses détracteurs. On ne trouve pas un chef d'œuvre endormi sur chaque étagère, certes, mais contrairement à ce que prétend le dicton populaire, la curiosité n'est pas là un vilain défaut. Côté curiosité, Amandine Beyer est une championne, par sa manière d'aborder les partitions connues (ses Quatre Saisons ont mis au rancart toutes les autres) et son goût pour les compositeurs ignorés (comme Nicola Matteis il y a peu). La voilà aujourd'hui qui ressuscite Johann Rosenmüller le méconnu, né en 1619 et mort en 1684, allemand de naissance mais très influencé par Venise où il précéda Vivaldi comme professeur à l'Ospedale della Pieta. Ce qui frappe d'abord dans cet enregistrement, c'est le caractère expressif des sonates, dont les contrastes sont mis en valeur par une interprétation qui vous prend aux tripes : Gli Incogniti aiment le relief, la lumière, la vie. Quant aux motets, ils sont de la même veine et jouent sur l'émotion, avec un enchevêtrement très structuré des parties vocales et des parties instrumentales. Mais les timbres et les phrasés des chanteurs ne sont pas, malheureusement, à la hauteur de ceux des instrumentistes.

Gérard Pangon

Sonata Decima a 5, Settima a 4, Ottava a 4 - Jubilate Deo - Misericordias Domini - Cœlestes Spiritus - Nisi Dominus - Salve mi Jesu

Raquel Andueza (soprano), Wolf Matthias Friedrich (basse)

Gli Incogniti

Direction musicale : Amandine Beyer (violon)

1 CD Zig Zag Territoires ZZT 100 801

1 h 05 min

mis en ligne le mardi 31 août 2010