Vendredi 29 mars 2024
Les sublimes cantates d’un « médiocre »
Les habits neufs de Bach recousus par Philippe Herreweghe
Ach süsser Trost ! Cantates de Leipzig

En 1722, le poste de Cantor à Leipzig est vacant. On le propose d’abord à Telemann qui saisit l’occasion pour négocier à la hausse ses appointements à Hambourg et y rester. Sollicité à son tour, Graupner manœuvre de la même façon et poursuit sa carrière à Darmstadt. « Puisque nous ne pouvons avoir le meilleur, il faut nous contenter d’un médiocre, » dit alors l’un des conseillers de la ville. Le médiocre, c’est Jean-Sébastien Bach, alors connu comme organiste et pas comme compositeur de musique sacrée. C’est ainsi qu’après avoir longuement hésité, celui-ci s’installe à Leipzig au printemps 1723. Alimenter quatre églises n’est pas une sinécure, il le sait, mais il a envie de quitter Cöthen où sa femme vient de mourir et où sa musique est moins prisée de la cour qu’à ses débuts. Il sait aussi qu’il lui faudra sortir de son écriture habituelle. Dès la première année, il s’y met, et c’est ce que nous entendons ici avec quatre cantates de cette époque, où l’on décèle ses expérimentations : il fait dialoguer solistes et instruments de l’orchestre (cuivres, hautbois ou cors), joue sur l’individuel et le collectif, crée une sorte de théâtralité que les pièces pour orgue étaient bien incapables d’avoir. Deux des églises de Leipzig penchent, d’ailleurs, du côté spectacle (pas trop quand même, et ça vaudra par la suite quelques déboires au compositeur) alors que les deux autres sont plus marquées par l’intériorité luthérienne. Il restera ainsi à Leipzig jusqu’à sa mort après avoir composé la majorité de son œuvre sacrée, dont quelque 200 cantates. Question interprétation, faut-il dire, une fois encore, que, pour le divertissement comme pour le recueillement, Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale livrent une interprétation hors du commun ? Oui, on ne le dira jamais assez.
Gérard Pangon

Cantates BWV 25, 138, 105, 46
Hana Blaziková (soprano), Damien Guillon (alto), Thomas Hobbs (tenor), Peter Kooij (basse)
Collegium Vocale de Gand
Direction musicale : Philippe Herreweghe
1 CD Phi Outhere LPH 006
1 h 07 min

mis en ligne le mercredi 31 octobre 2012

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