Mardi 23 avril 2024
Le triomphe du naturel
Stéphane Degout chante la mélodie française
Mélodies

La mélodie française, ou l’art de tous les dangers : textes sucrés, harmonies tarabiscotées, longs soupirs, rideaux fanés. Elle a eu ses spécialistes : Charles Panzéra, Pierre Bernac jadis, Gérard Souzay, Camille Maurane, Bernard Kruysen naguère. Stéphane Degout, trente-cinq ans, baryton lui aussi et une carrière d’opéra qui va de Monteverdi (un formidable Orfeo avec René Jacobs) à Debussy (il est le Pelléas de ce début de siècle), reprend le flambeau. Dans ce récital, il tente le grand chelem : le Debussy encore romantique (La Mer est plus belle…) et le Debussy de la fin (Ballades de Villon), Ravel salé-sucré (Histoires naturelles de Jules Renard), le charmeur Reynaldo Hahn, les wagnérophiles Duparc et Chabrier, l’habile Saint-Saëns. Il évite tous les pièges : la paraphrase, la redondance, le premier degré, la trop grande distance, l’ironie mal placée. Son timbre est clair et égal, sa diction est naturelle, ses « r » ne sont ni roulés ni gutturaux, ses nuances jamais surexposées. En fait, il chante simplement des musiques qui ne demandent que ça sous des airs grandes dames capricieuses. C’est, paraît-il, Hélène Lucas qui lui a fait découvrir cet univers. Elle l’accompagne formidablement.
François Lafon

22 mélodies
Stéphane Degout (baryton), Hélène Lucas (piano)
1 CD Naïve V5209

mis en ligne le mercredi 26 janvier 2011

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