Jeudi 28 mars 2024
Le monde du silence
La beauté radicale du « dernier » Nono revitalisée par Prometeo
Edizione delle opere vol. 1 Luigi Nono

Le « dernier » Nono est troué, ou plutôt, avec le temps, le musicien de l’après-guerre, admirateur de Webern et Schoenberg et qui aborda la musique comme un acte politique, a transfiguré la violence de son écriture en une méditation infinie, où le son est littéralement liquéfié, perdu dans un océan de silence. Des « îlots » que le compositeur a rapprochés des résonnances et autres échos surnaturels portés par la lagune vénitienne – à l’image de son Prometeo, tragédie de l’écoute, pièce maîtresse créée à Venise, en 1984. Les deux versions d’une même partition – Risonanze erranti, inspiré par Melville et Ingeborg Bachmann – en concert, à Paris (1987), puis presque trente ans plus tard à Parme, cultivent ce « son mobile » cher à Nono. Accords syncopés de la percussion, clochette cristallines, voix irradiées, chœur vibrionnant : toute la beauté radicale de ce monde du silence revitalisée par l’excellent ensemble italien Prometeo.    
Franck Mallet

Nono : Risonanze erranti ; Liederzyklus a Massimo Cacciari, 2 versions
Luca Richelli, Luigi Nono, Hans-Peter Haller (électronique, régie son)
Ensemble Prometeo, Experimentalstudio der HSS des SWF
Direction musicale : Marco Angius, Friedrich Goldmann
1 CD Shiiin eln 1
1 h 20 min

mis en ligne le samedi 28 avril 2018

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