Vendredi 29 mars 2024
Le chef qui n'aimait pas diriger
Un passionnant portrait en creux de Carlos Kleiber
Traces to nowhere

A première vue, un portrait comme les autres : montage serré de documents choc, défilé de célébrités accumulant les superlatifs. Mais comme il s’agit d’un portrait de Carlos Kleiber, le chef qui dirigeait peu, enregistrait moins encore et ne se laissait pas filmer, il a bien fallu trouver un subterfuge. Les célébrités regardent avec nous la célèbre (parce qu’unique) répétition de l’ouverture du Freischütz de Weber en 1970 à Stuttgart, livrent leurs impressions, égrènent leurs souvenirs et tentent de déchiffrer l’énigme de cet ovni qu’ils ont pourtant bien connu. Rien de plus éclairant que les visages de la chanteuse Brigitte Fassbaender, du chef Michael Gielen ou du metteur en scène Otto Schenk réagissant à chaud aux remarques (« pas assez de nicotine dans ce passage ») et aux exigences techniques du maestro. Résultat passionnant, ponctué d’autres documents plus rares encore, comme ce plan fixe de Kleiber dirigeant la Mort d’Isolde dans la fosse de Bayreuth, ou cette discussion avec un directeur de théâtre tentant de le dissuader de supprimer deux rangs d’orchestre pour un concert déjà sold out. Au terme de cette heure et  quart d’enquête, ponctuée des interventions de première main de sa sœur Veronika, le mystère Kleiber n’est pas résolu, mais l’aura de l’anti-Karajan (qu’il admirait pourtant plus que quiconque, si ce n'est son père Erich) n’en est que plus vive.
François Lafon

Traces to nowhere
Réalisation : Eric Schulz
1 DVD Arthaus Musik 101 553
1 h 12 min

mis en ligne le lundi 20 août 2012

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