Jeudi 28 mars 2024
Jeune fille entrelardée
P. Kopatchinskaia livre ses réflexions sur la Mort en musique
Death and the Maiden - Schubert

Inutile de foncer tête baissée dans cette « Jeune fille et la mort » orchestrée, tronçonnée en quatre et entrelardée d’œuvres de compositeurs aussi éloignés les uns des autres que sont Dowland (1563-1626), Gesualdo (1560-1613), un anonyme byzantin, et un autre qui l’est presque (anonyme), Nörminger (1560-1613). Sans oublier Kurtag, « pour se rafraichir les oreilles » (!). Pour comprendre, ou au moins tenter de, les ressorts de ces mystérieux arrangements, il faut au préalable lire le texte d’accompagnement. Il était une fois… au milieu du XIIIème siècle… la peste bubonique « éradiqua la moitié (sic) de la population européenne », et ainsi seraient nées les Danses macabres (dont celle du susnommé Nörminger, 1598), un genre nouveau et plein d’avenir, où l’Homme parle à la Mort, et la Mort répond à l’Homme. Cela ne vous dit rien ? Bon sang, mais c’est bien sûr… ce qu’a si bien fait Matthias Claudius dans son poème Der Tod und das Mädchen (1785), et mieux encore Schubert, la boucle est bouclée, avec son merveilleux lied (1817), puis son avatar, l’Andante du Quatuor éponyme (1824). Ce Quatuor D 810 tellement en tensions qu’il n’a pas vraiment besoin d’être orchestré, et que The Saint Paul Chamber Orchestra, bien que « de chambre », exécute sans rémission dans une veine hyperromantique, superemphatique, dangereusement calorique. À écouter avec modération, uniquement avant le (t)repas, à titre de curiosité et par une indulgente sympathie pour Patricia Kopatchinskaja.
Albéric Lagier 

Schubert, la jeune fille et la mort (quatuor transcrit pour orchestre) ; œuvres de Nörminger, Dowland, Gesualdo, Kurtag
Patricia Kopatchinskaja (violon)
The Saint Paul Chamber Orchestra
1 CD Alpha-Classics Outhere Alpha 265
59 min

mis en ligne le samedi 15 octobre 2016

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