Mercredi 17 avril 2024
Itinéraire vers un autre monde
David Fray joue Schubert en funambule
 
Le même, pas pareil
Les accents
d'un autre monde
Radu Lupu, le poète
Fantaisie

Fantaisie, annonce le titre de l’album, et, chez Schubert, elle n’est jamais loin de la mélancolie, David Fray le sait bien. Le pari est donc d’alterner l’ardeur et la retenue, la transparence et le mystère, des attaques vigoureuses mais pas trop, des silences étirés mais pas trop, des tempos tout juste en équilibre. La quadrature du cercle. Pour l’équilibre et la clarté, David Fray fait merveille, avance à pas comptés avec un cantabile radieux, comme un élégant funambule capable de dessiner des arabesques sans quitter son fil. La Sonate D 894 et la Mélodie hongroise D 817 sont ainsi parsemées d’instants de grâce. Pour le secret et l’impalpable, ces moments où la musique de Schubert semble s’évaporer, l’idéal est de l’interpréter avec l’air de ne pas y toucher. Mais comment demander à un pianiste d’avoir l’air de ne pas y toucher, autrement dit de cacher son jeu ? Il faut, pour y parvenir, être musicien d’un autre monde, Alfred Brendel et sa lecture surréelle ou Sviatoslav Richter et ses rêveries dans le cosmos. David Fray n’en est pas loin, mais il se laisse aller parfois à une infime coquetterie, comme une minuscule poussière dans un paysage idéal. Quant aux morceaux à quatre mains qui complètent ce programme, ils sont interprétés de manière moins convaincante, avec plus d'application que de fantaisie.
Gérard Pangon

Sonate D 894 Fantaisie ; Mélodie hongroise D 817 ; Fantaisie pour piano à quatre mains D 940 ; Allegro pour piano à quatre mains Lebensstürme D 947
David Fray (piano), Jacques Rouvier (piano)
1 CD Erato 461669 9
1 h 19 min

mis en ligne le mercredi 15 avril 2015

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