Vendredi 19 avril 2024
Hors-d’œuvre, chef d’œuvre ?
Julia Fischer tombe sous le charme espagnol de Sarasate
Sarasate

Julia Fischer semble regretter le temps où les grands virtuoses portaient tous dans leurs valises une collection de pièces de Sarasate, indispensable pourvoyeur de bis légers mais diablement difficiles. Elle avoue avoir snobé pendant longtemps ce compositeur-virtuose espagnol, le seul à même de rivaliser avec le grand Joseph Joachim à la fin du XIXè siècle, mais dans un style totalement différent. Pablo de Sarasate (1844-1908), qui était assez culotté pour refuser de jouer le concerto de Brahms en prétextant que le hautbois volait la vedette au soliste dans le deuxième mouvement, avait sans doute le sens du spectacle : ces gentilles espagnolades (on peut reconnaître les mélodies populaires qui le sont encore aujourd’hui) constituent un festival de pirouettes pour mettre en valeur la virtuosité. Avec sa technique polie à l'extrême, Julia Fischer s’en sort tellement bien et sans effort apparent que la notion même de risque disparaît : chaque page est jouée avec un goût parfait, sans jamais tomber dans la pure démonstration. Le hic c’est qu'enchaînées dans un programme de plus d’une heure, ces pièces montrent vite les limites de Sarasate le compositeur : comme un menu composé uniquement de hors-d’œuvre, à la fin on reste sur sa faim.
Pablo Galonce

Danzas Españolas, Op.26 - Jota Aragonesa - Serenata Andaluza - El Canto del ruiseñor - Danzas Españolas, Op.21 - Caprice Basque, Op.24 - Zigeunerweisen (Aires Gitanos), Op. 20
Julia Fischer (violon), Milana Chernyavska (piano)
1 CD Decca 478 5950

mis en ligne le jeudi 27 février 2014

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