Jeudi 25 avril 2024
Froide clarté
La pianiste Anna Gourari passe Prokofiev et Chopin au laser
 
Le même, pas pareil
Prokofiev
par lui-même
Visions fugitives

Peut-être parce qu’elle a joué dans le film de Werner Herzog Invincible (2001) et qu’elle a réalisé des reportages sur Moscou pour la télévision allemande, la pianiste russe Anna Gourari est considérée comme une artiste atypique, voire mystique. Une réputation confortée par son album Canto Oscuro (Bach, Hindemith), déjà chez ECM (2012). Elle confronte aujourd’hui Prokofiev (Visions fugitives) et Chopin (Sonate n° 3), les vingt miniatures inspirées au premier par le poète symboliste Constantin Balmont (« Dans chaque vision fugitive je vois des mondes pleins de jeux changeants et irisés »), l’ultime Sonate du second charriant des flots d’énergie, quatre ans (1844) après la 2ème Sonate « Marche funèbre » et alors que la maladie progressait. Ni atypique ni mystique, cultivant au contraire un jeu d’une clarté, voire d’une objectivité scrupuleuses (on a l’impression, dans les deux cas, de lire la partition), elle n’insiste pas plus sur le non-dit des Visions que sur la tempête sous un crâne de la Sonate. Ce serait encore plus frustrant si son jeu percussif n’était aussi structuré, aussi maîtrisé. Entre les deux œuvres, l’un des « Contes de fée » (op. 26/3) de Nikolai Medtner, souvent assimilés à des visons fugitives qui seraient plus formelles que magiques. La clé peut-être de cet album un rien réfrigérant.
François Lafon

Prokofiev : Visions fugitives – Medtner : Conte de fée op. 26/ » - Chopin : Sonate n° 3
Anna Gourari (piano)
1 CD ECM New Series 481 1157
1 h 02 min

mis en ligne le vendredi 30 janvier 2015

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