Jeudi 25 avril 2024
Farinelli ressuscité
Ann Hallenberg sur les pas du castrat, sans le singer
Farinelli

Ann Hallenberg pourrait être l’exemple de ces artistes qui, parmi les meilleures de leur temps, cèdent la vedette aux divas en évitant leurs travers – le goût pour une virtuosité exubérante, des jeux de scènes dignes des meilleurs peplums, des excentricités qui attisent l’art du pastiche. Et Ann Halleberg est cernée de ces divas, tant parmi les mezzo que parmi les contre-ténors. On ne peut soupçonner la mezzo suédoise de vouloir faire la nique à tous ces messieurs-dames, et pourtant, quelle leçon… dans ce répertoire baroque qu’elle cultive depuis toujours, et qui lui convient si bien, que tout paraît fluide, que tout paraît naturel ! Eh oui, les airs de bravoure haendéliens ne sont pas que pyrotechnie vocale, les lamentos ne sont pas des sucreries napolitaines, et Farinelli n’était pas l’animal de foire qu'on voudrait nous faire accroire. Dans une alliance idéale avec Christophe Rousset, autre contempteur des singeries et des effets un peu trop faciles, la recette fait œuvre de résurrection, celle de la puissance de l’inspiration, à l'opposé de celle du souffle, que suscitent ces pages de Haendel, Leo, Porpora, Giacomelli, Hasse, Broschi (le frère de Farinelli). Alors plagions Charles Burney sans vergogne pour dire d’Ann Halleberg ce qu’il ressentit en écoutant Farinelli : « Dans sa voix, la force, la douceur et l’étendue ; dans son style, la tendresse, la grâce et l’agilité. »
Albéric Lagier

Airs extraits d'opéras de Haendel, Hasse, Porpora, Leo, Giacomelli, Broschi
Ann Hallenberg (mezzo soprano)
Les Talens Lyriques
Direction musicale : Christophe Rousset
1 CD Aparté AP117
1 h 09 min

mis en ligne le mercredi 11 janvier 2017

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