Jeudi 18 avril 2024
Entre Monteverdi et le jazz
Des orgues anciennes dépoussiérées grâce à Bernard Foccroulle
Bernard Foccroulle Works for Historic Organs

« L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté, » dit André Gide dans ses Nouveaux prétextes. Suivant ce programme, Bernard Foccroulle, organiste né à Liège et spécialiste du répertoire Nord européen, a composé des pièces qui tiennent compte des contraintes et spécificités d’orgues anciennes – quatre splendides témoins du passé (Hambourg, Beaufays, Bossut et Cucuron) –, s'inspirent sans servilité du répertoire classique (Buxtehude, Monteverdi, Schlick) et s’appuient sur des textes anciens (Cantique des cantiques). Son écriture puise ainsi dans la musique grégorienne et le contrepoint, avec pour morceau de résistance Spiegel (Miroir, 2005), où alternent ses propres pièces avec les six versets du Salve Regina d’Arnold Schlick (1460-1520). Comme un autre miroir, entre Monteverdi et le jazz cette fois-ci, Niga sum, par le cornet à bouquin et la partie soprano qui accompagnent l’orgue, évoque l’univers du cool jazz. Dans cette approche mélodique et riche en références historiques et actuelles, Bernard Foccroulle prend son temps et donne à l’orgue classique une place rarement occupée, à la croisée de chemins qui mènent là où on ne l’attend pas. Les prises de son en quatre lieux différents ne gênent en rien l’homogénéité de ce programme superbement interprété. De quoi intéresser celles et ceux qui ne sont fans ni d’orgue ni de musique contemporaine.
Albéric Lagier

Toccata, Kolorierte Flöten, Niga sum, O Quam pulchra es, Capriccio sopra re-fa-mi-sol, Spiegel
Bernard Foccroulle (orgue), Alice Foccroulle (soprano), Lambert Colson (cornetto)
1 CD Æon Outhere (AECD 1440)
58 min

mis en ligne le mercredi 18 mars 2015

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