Jeudi 28 mars 2024
Elégance et humanité
Chaleureusement Byrd, par Philippe Herreweghe
Infelix ego

La plupart du temps, on n’imagine pas William Byrd, artiste du contrepoint et maître de la Renaissance anglaise, interprété autrement que par des Anglais aux voix presque immatérielles, angéliquement pures. Mais voilà que Philippe Herreweghe s’en mêle. Question pureté des voix, son Collegium Vocale de Gand - assurément l’un des plus beaux chœurs d’aujourd’hui - n’a rien à envier à quiconque, c'est la vision du musicien belge sur les œuvres qui fait la différence. On connaît sa méthode : fouiner dans l’histoire et décortiquer les partitions, non pas pour donner une interprétation analytique des messes ou des motets, mais pour en approfondir l’esprit, en découvrir les arrières-plans, les éclairer par une approche globale. Lorsqu’il l’a fait avec les Responsoria 1611 de Carlo Gesualdo (voir ici) nombre de « gesualdistes » patentés en ont été troublé comme beaucoup de « byrdiens » autoproclamés le seront sans doute ici. Cette version associe la délicatesse de Byrd et le style Herreweghe, un phrasé et des intonations d’une grande fluidité, qui ajoutent de l'humain, rendent moins ascétique cette musique raffinée. Dans le sublime motet qui donne son titre à cet album, on se sent alors en totale empathie avec le « malheureux privé de tout secours » (Infelix ego) qui peu à peu se remet à espérer tandis que la mélodie se fait de plus en plus apaisante.
Gérard Pangon

Byrd : Messe pour cinq voix ; Motets : Emendemus in melius, Infelix ego, Ave Maria, Christe qui lux est – Alfonso Ferrabosco : Peccantem me quotidie – Philippus de Monte : Miserere mei
Collegium Vocale Gent
Direction musicale : Philippe Herreweghe
1 CD Phi LPH 014
50 min

mis en ligne le samedi 10 janvier 2015

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