Vendredi 19 avril 2024
Dvorak vu par lui-même
Le quatuor Zemlinski dresse un portrait à fleur de peau
Antonin Dvorak - String Quartet op.80

Sans le dire, le Quatuor Zemlinski produit depuis 2007 l’intégrale des quatuors de Dvorak, en commençant par les œuvres de jeunesse. Déjà saluée à l’époque, la formation tchèque gagne avec le temps en cohérence de son et d’expressivité. Ce dernier CD est consacré à des œuvres pour la plupart de maturité, à commencer par le premier quatuor considéré comme tel, le numéro 8. De mi majeur, il n’a que l'apparence tant l’ambiance de mi mineur est prégnante, au point que l’auteur du livret lui-même le dit de cette tonalité. Fausse œuvre de jeunesse, réellement opus 27 mais commercialement opus 80, il est marqué par la perte de deux des enfants du compositeur. La douleur est là, une douleur mi-schubertienne, et son désespoir serein, mi-schumannienne, et ses mélancolies juvéniles. Une plongée pudique dans l’intime proche de l’ambiance du quatuor n° 9. Le lien avec le recueil des Cyprès est, aux doigts du Quatuor Zemlinski, naturel. Ce recueil, rarement joué dans son intégralité, s’inspire tardivement de pages de jeunesse écrites pour séduire un amour qui se révèlera déçu : on y sent comme une quiétude ignée, un amour vécu par procuration, qui reste à conquérir. Ces pages d’un futur écrit au passé, loin des œuvres les plus popularisées de Dvorak, collent à la peau, et le quatuor Zemlinski en caresse admirablement le derme.
Albéric Lagier

Quatuor à cordes Op.80 ; Miniatures B.149 ; Cypresses (12) B.152
Quatuor Zemlinski
1 CD Praga Digitals 250 303
1 h 15 min

mis en ligne le vendredi 7 février 2014

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