Vendredi 29 mars 2024
Du noir, du blanc, aucune teinte de gris
Live à Salzbourg, le très controversé Alexis Weissenberg
Ravel - Schumann - Moussorgski

Un jeu en noir et blanc : plus que ses enregistrements de studio, ce récital donné par Alexis Weissenberg au Mozarteum de Salzbourg pendant le festival 1972 résume les qualités et les défauts du « pianiste de Karajan », artiste controversé, jet setteur de haut vol et très connu en France pour ses nombreuses apparitions dans Le Grand Echiquier de Jacques Chancel. Programme à haut risque mais sans grand danger pour ce pyrotechnicien du clavier : après un Tombeau de Couperin de Ravel finement détaillé mais non exempt de dureté, la Fantaisie de Schumann est éblouissante de clarté et de virtuosité (au début de sa carrière, Vladimir Horowitz le considérait comme son successeur), mais dépourvue de couleurs comme de sentiment. Puis viennent les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, et c’est le miracle : toucher toujours percutant, voire crépitant, mais une invention, un sens de l’évocation allant bien plus loin que la simple illustration, une atmosphère hallucinée que seuls, et par d’autres voies, ont atteint Horowitz (en trafiquant la partition) et Sviatoslav Richter. Bis en noir et blanc eux aussi, et en dents de scie : un Nocturne de Chopin ailé, mais une Rhapsodie de Brahms brutale, et un « Jésus que ma Joie demeure » de Bach, son tube habituel pourtant, dépourvu de la moindre poésie. 
François Lafon

Ravel : Le Tombeau de Couperin - Schumann : Fantaisie - Moussorgski : Tableaux d'une exposition
Alexis Weissenberg (piano)
2 CD Orfeo
1 h 41 min

mis en ligne le dimanche 19 mai 2013

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