Jeudi 25 avril 2024
Des Nocturnes impeccables...
... mais Nelson Freire oublie le supplément d'âme
Les Nocturnes

« La nuit, tous les chats sont gris, » on connaît le proverbe. Est-ce une raison pour qu'un nocturne ressemble à un autre nocturne ? Pas vraiment. Si cette mélancolie musicale inventée par l'irlandais John Field, développée par la polonaise Maria Szymanowska et sublimée par Frédéric Chopin repose sur une forme à peu près constante qui va du spleen à la langueur en passant par une petite exaltation, chaque nocturne développe son atmosphère propre. Tout simplement parce que la crise romantique qu'il reflète ne naît pas toujours de la même cause, traduit au choix l'absence, la déception, la tristesse, la douleur, la trahison... Jouer les Nocturnes de Chopin les uns à la suite des autres représente ainsi une gageure : respecter le caractère de chacun sans chercher à les différencier par des afféteries d'interprétation, avoir un toucher tout en sensibilité sans se laisser aller à la sensiblerie, maintenir une tension constante sans tomber dans la crispation, autant de pièges infernaux. Nelson Freire les déjoue tous, sauf un : ses tempos sont impeccables, ses rubatos ont juste ce qu'il faut, son toucher est élégant, seulement, seulement... d'un nocturne à l'autre, on est dans la même ambiance, dans le même climat, et la monotonie s'installe. A la longue, tous les nocturnes sont gris. Dommage.
Gérard Pangon

Nelson Freire (piano)
2 CD Decca (2010)
1 h 42 min

mis en ligne le jeudi 25 mars 2010

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