Samedi 20 avril 2024
De la difficulté de faire le grand écart
Elans et pudeurs de Saint-Saëns par le Trio Latitude 41
Piano Trios
Si, en son temps, Saint-Saëns était prophète en son pays (il défendait mordicus des contemporains plus ou moins vilipendés comme Wagner, Schumann ou Liszt), il ne l’est plus guère aujourd’hui, en France, du moins, car, dans les pays anglo-saxons, il fait partie des compositeurs les plus appréciés. Outre-Manche comme Outre-Atlantique, sa musique symphonique et ses concertos, qui mettent si bien en valeur ses talents d’orchestrateur, font, par exemple, partie des tubes classiques. Reste qu’il était aussi un fameux compositeur de musique de chambre et que ses trios en sont une excellente illustration. Le premier traduit les élans d’un compositeur de trente-deux ans, respire le naturel et la simplicité à tel point que Ravel, qui l’admirait, le prit pour modèle pour son propre trio. Quant au second, écrit presque trente ans plus tard, en 1892, alors que Saint-Saëns triomphe à l’opéra avec Samson et Dalila, il est plus sombre, même s’il est émaillé de mouvements de danse. Interpréter ces trios, c’est jouer tantôt sur la fougue, tantôt sur l’intériorité, laisser libre cours à l’enthousiasme mais aussi savoir créer une tension qui peut aller jusqu’à l’angoisse, autrement dit être capable de faire le grand écart entre exubérance et retenue, ce que le Trio Latitude 41 ne réussit pas toujours.
Gérard Pangon
Trio avec piano n°2 op.92 et n°1 op.18
Trio Latitude 41
1 CD Eloquentia EL 1547
1 h 05 min
mis en ligne le dimanche 8 février 2015
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De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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