Mercredi 24 avril 2024
David et Goliath
Trois façons de faire triompher la harpe du grand méchant orchestre
Harp Concertos

Partant du constat que les années 1930-1940 ont généré une littérature concertante inespérée pour la harpe, la jeune virtuose belge Anneleen Lenaerts a réuni trois œuvres qui ont l’air – mais l’air seulement – de se tourner le dos, puisqu’on peut y comparer plusieurs façons de traiter le même problème : comment faire dialoguer tout un orchestre avec un instrument à la sonorité confidentielle. Conseillé par Xenia Erdeli (la Lily Laskine russe) Reinhold Glière, romantique attardé choyé par le régime soviétique, réduit le nombre de musiciens et fait volontiers dialoguer la harpe avec un autre instrument. Dans son célèbre Concerto d’Aranjuez, originellement pour l’encore plus frêle guitare, le non moins conservateur Joaquin Rodrigo a plutôt tendance à morceler l’orchestre en petits groupes, tandis que le compositeur belge Joseph Jongen, le plus original des trois, imagine une étonnante nébuleuse orchestrale tenant de la musique de chambre. C’est dans cette dernière œuvre, enregistrée jadis par sa créatrice Mireille Flour, mais oubliée depuis, qu’Anneleen Lenaerts, secondée par Michel Tabachnik tout à fait à son affaire à la tête du Brussels Philharmonic, révèle le mieux la palette de couleurs de sa harpe. Ils ont tous deux plus de mal à extraire Glière de sa convention et à retrouver le charme espagnol de Rodrigo.
François Lafon

Reinhold Glière : Concerto pour harpe op. 78 – Joseph Jongen : Concerto pour harpe op. 129 – Joaquin Rodrigo : Concerto d’Aranjuez, arrangé pour harpe par le compositeur
Anneleen Lenaerts (harpe)
Brussels Philharmonic
Direction musicale : Michel Tabachnik
1 CD Klara-Warner Classics
1 h 07 min

mis en ligne le vendredi 3 juillet 2015

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