Mercredi 24 avril 2024
Atys, deuxième chance
Une nouvelle version de la tragédie en musique de Lully
Atys

Il aura fallu une bonne vingtaine d’années pour qu’un chef ose se mesurer à l’acte fondateur. En 1987, Hugo Reyne, est flûte solo des Arts Florissants. C’est lui qui accompagne, à l’Opéra Comique, la scène du Sommeil d’Atys dans le spectacle, mis en scène par Jean-Marie Villégier et dirigé par William Christie, qui va ressusciter Lully et la tragédie lyrique. Aujourd’hui, devenu maître ès Lully au terme d’une série impressionnante de concerts et d’enregistrements, il reprend le flambeau, non sans égratigner ses aînés : plus d’ornements venant alourdir la ligne de chant, plus de ces afféteries que les baroqueux des premières générations ont léguées à leurs successeurs. Ainsi dépouillé, l’ « opéra du roy » (c’était le préféré de Louis XIV) est plus austère que jamais, mais toujours impressionnant. C’est vraiment une tragédie en musique (dénomination originale) que nous entendons : le texte est mis en avant, et l’on se rend mieux compte que les vers de Quinault ne sont pas éloignés de ceux de Racine. « Atys est sur toutes les bouches, le nom est connu, mais qui en connaît vraiment la musique aujourd’hui, l’œuvre n’étant plus jouée, n’étant plus vécue, » déclare Hugo Reyne dans la superbe plaquette qui accompagne l’enregistrement. Comme le spectacle originel va être repris en mai prochain à la salle Favart, toujours avec William Christie aux commandes, on va pouvoir comparer. En attendant, les chanteurs et la Simphonie du Marais ravivent le chef-d’œuvre sans abîmer nos souvenirs.
François Lafon

Atys
Romain Champion (Atys), Amaya Dominguez (Cybèle), Bénédicte Tauran (Sangaride), Aimery Lefèvre (Célénus)
Chœur et Simphonie du Marais
Direction musicale : Hugo Reyne
3 CD Musique à la Chabotterie 605008
2 h 47 min

mis en ligne le jeudi 30 septembre 2010

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