Vendredi 29 mars 2024
Architecture cathédrale
Andris Nelsons commence une prometteuse intégrale Bruckner
Symphonie n° 3

Surenchère de symboles : pour sa prise de fonction à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (16ème directeur musical depuis Mendelssohn), Andris Nelsons (38 ans), renommé pour ses Wagner bayreuthiens, commence une intégrale des Symphonies de Bruckner par la 3ème, dite « Wagner-Symphonie », dédiée - et truffée de références - au compositeur de Tannhäuser … dont il dirige l’Ouverture en complément, chaque volume devant confronter les deux musiciens. Musicalement, une gageure, cette 3ème étant une œuvre charnière, assez loin encore de l’accomplissement de la plus célèbre 4ème (la « Romantique »). Un casse-tête musicologique enfin, le jeu des différentes versions et éditions étant particulièrement ardu (que fera-t-il avec les autres symphonies « à problèmes » ?) Curieusement, c’est la dernière version, aujourd’hui considérée comme la moins fiable, qu’il a retenue – précédé il est vrai par des spécialistes comme Eugen Jochum. Sa fibre brucknérienne n’en est pas pour autant émoussée, plus moderne (c’est-à-dire moins mystique) qu’un Jochum, tout en privilégiant - opulence et tradition de l’orchestre aidant -  l’architecture cathédrale propre à Bruckner. C’est d’ailleurs dans la même optique qu’il dirige l’ouverture de Tannhäuser ("Marche des pèlerins" plus marche que pèlerinage), tout en évitant de céder à des effets de manche qui ne seraient pas de mise. 
François Lafon

Bruckner : Symphonie n° 3 "Wagner-Symphonie" (version 1888/89 - Edition Leopold Nowak) - Wagner : Tannhäuser (ouverture)
Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
Direction musicale : Andris Nelsons
1 CD Deutsche Grammophon 479 7208
1 h 16 min

mis en ligne le mercredi 31 mai 2017

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