Jeudi 18 avril 2024
Ambition et hallucination
Le Schumann presque abouti de Suzana Bartal
 
Le même, pas pareil
Vers les cimes
avec Mitsulo Uchida
Suzana Bartal plays Schumann

Schumann pour un premier enregistrement : Suzana Bartal n’a pas froid aux yeux. Elle n’a pas non plus froid aux mains, l’écoute le prouve. Elle joue délié mais droit, sans chercher à faire plus romantique que le roi lequel mériterait quand même un tout petit peu plus d’affect. La pianiste roumaine semble faire la chasse aux afféteries pour tirer Schumann vers un univers plus fantastique que naturel, plus halluciné que sentimental, en adoptant souvent d’étranges phrasés. Le choix des Geistervariationen n’est pas anodin : c’est pendant la composition de cette œuvre, ultime étape avant son internement, que Schumann, persuadé que le thème lui avait été dicté par des esprits (d’où le titre), tenta de se suicider en se jetant dans le Rhin. Suzana Bartal traque les déraisons de la partition et rappelle, dans son approche, la parenté d’inspiration entre Robert Schumann et Gérard de Nerval, dont les audaces stylistiques respectives ouvrent déjà sur la musique et la poésie du XXème siècle. On lui sait gré de ne pas se contenter de jouer Schumann mais d’en donner une vision personnelle, même si la réalité de son interprétation demeure parfois en deçà de son ambition.
Gérard Pangon

Kreisleriana op. 16 ; Waldszenen op. 82 ; Geistervariationen Woo 24
Suzana Bartal (piano)
1 CD Paraty 175148
1 h 08 min

mis en ligne le jeudi 31 mars 2016

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