Vendredi 19 avril 2024
A quatre voix, des amours pas si simples
Schumann, entre ombre et soleil
Spanische Liebeslieder

Des poèmes espagnols traduits en allemand et mis en musique pour quatre chanteurs avec piano : on se dit que Schumann, en cette année 1849, avait, pour une fois, l’inspiration légère. Le cahier op.74 commence en effet de manière primesautière. C’est bien sûr d’amour qu’il est question, et le ton d’ensemble est à la galanterie salonnarde. Mais très vite, au fil des solos, duos et quatuors vocaux, on s’aperçoit que le sujet est plus grave, que le ton mineur prédomine, que Schumann n’est pas longtemps à l’aise dans le registre du bonheur. Dans le second cahier (op. 138), cette inquiétude se confirme. Très judicieusement, les interprètes de ce disque ont intercalé les Minnespiel, datant de la même année, entre les deux cahiers. Là, plus de galanterie ibérique, nous sommes en plein romantisme allemand. Avec le même effectif vocal, Schumann se hausse au niveau de ses grands cycles de lieder : L’Amour et la vie d’une femme, L’Amour du poète, composés neuf ans plus tôt. A un élément près (la mezzo-soprano), les interprètes sont ceux qui avaient donné, il y a trois ans chez le même éditeur, de superbes Liebeslieder-Walzer de Brahms. Ils parviennent, ici aussi, à un équilibre acrobatique entre sourire et sombres sentiments.
François Lafon

Spanisches Liederspiel op. 74 – Minnespiel op. 101 – Spanische Liebeslieder op. 138
Marlis Petersen (soprano), Anke Vondung (mezzo-soprano), Werner Güra (tenor), Konrad Jarnot (baryton), Christoph Berner, Camillo Radicke (piano)
1 CD Harmonia Mundi HMC 902 050
1 h 10 min

mis en ligne le vendredi 5 novembre 2010

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